.lucaspellegrini



S2 genève
penser et habiter le monde

une nouvelle utopie 
18.12.2020

Dans ce paysage inerte où la couleur semblait avoir disparu, la texture froide et brutale des bâtiments de béton n’était plus un spectacle pour personne. Pour- tant, ce territoire renfermait en lui une sédimentation historique déjà présente. Hégémonie parfaite et implacable, la loi de l’Homme était devenue rigueur, anesthésiant ce paysage et le refermant sur sa propre condition.

L’utopie se développe alors au-dessus de la ville. Elle est l’inverse de la tabula rasa. Elle plante les graines d’un nouveau réseau de connexions à partir duquel la société de demain pourra se développer. Ce nouveau système constitue la strate nécessaire qui bouscule et impose à ce paysage de se remettre en mou- vement. Le thème de cette ville n’est plus lié au sol sur laquelle elle habite, pour- tant a chaque fois qu’elle le rencontre qu’elle se juxtapose au bâti, elle trouve sa vrai nature. Dans cette apposition parfois frictionnelle, chacun doit s’interroger sur sa nature et en céder une partie à l’autre. La ville existante et le système jux- taposé existent l’un et l’autre à travers leur regard réciproque.

C’est par un ensemble de paramètres fixes et variables que la grille propose une nouvelle lecture du territoire et fait naître des relations inattendues. Comme un tissu qui recouvre l’existant, cette grille est composée de natures différentes où cohabitent des formes habitées, des pousses sauvages, des lignes de flux, des graines de vie, des bruits, des odeurs et des ondes. Cette grille existe dans l’espace et dans le temps. Chaque fois qu’elle rencontre la nuit, le soleil, la rue, la place, le parc ou la façade elle prend un nouveau visage. La multiplication des accidents entre la nouvelle grille et l’existant fabrique autant de situations urbaines singulières jusqu’à produire un aléa et une prolifération de variations qui caractérisent les zones de friction. Chaque entre-deux est un écotone, la tran- sition d’un écosystème à un autre. Ils sont autant d’opportunités, de nouvelles singularités de la ville.

Maintenant, les milieux se superposent et le vivant territorialise. Cette grille, une fois implantée, prend son autonomie vis-à-vis de l’architecte-planificateur assu- rant ainsi une évolution organique de la ville. Cette utopie n’est pas un projet, elle est simplement une évocation qui le deviendra sous le regard de son des- tinataire.


BLONDE LLORENS Clara, CHEKHAB Farrah, DESIR Rémi, ELOY Simon, MASNADA Ugo, PELLEGRINI Lucas, PERRET Marin, TERAT Bayram, VINCENT Samy